
Personne ou presque n’a échappé à l’engouement pour ces nouvelles applications qui scannent nos produits alimentaires mais également nos produits cosmétiques. Elles ont envahi nos téléphones depuis quelques mois et sont devenues nos coach nutritifs ou nos mentors pour une cosmétique saine.
Il vous suffit, selon l’application choisie, de scanner ou de prendre en photo la liste des ingrédients de vos produits cosmétiques pour savoir s’ils sont sains ou non a l’aide d’un code couleur ou même de notes.
Génial me direz vous, mais que valent réellement ces applications et peut on vraiment s’y fier les yeux fermés ? J’ai essayé de mener mon enquête !
Lorsque yuka, quelcosmetic, incibeauty et clean beauty sont apparues nous nous sommes dit « ouf à partir de maintenant je vais vraiment savoir ce que j’achète et ce que je consomme » enfin une bonne initiative pour nous permettre de décrypter facilement l’étiquette d’un produit. Traduire une formulation chimique en langage courant n’est pas forcement évidement lorsque l’on n’est pas connaisseur. Les termes chimiques en anglais ou latin nous sont enfin expliqués, ce qui nous permet également de nous familiariser avec certains ingrédients. Ces applis donnent un réel pouvoir au consommateur et lui permet de faire un premier tri dans ces produits.
Les points négatifs à prendre en compte :
Problème n°1 : Les bases de données des produits ne sont pas mises à jour. Il y a 800 000 produits cosmétiques sur le marché, ce qui fait donc une base de données énorme. Sachant qu’un tiers d’entre eux change de composition tous les ans et que 10% d’entre eux sont de nouveaux produits. Ce qui veut dire que lorsque vous scannez un produit vous pouvez avoir une liste d’ingrédients qui correspond à une ancienne composition car même si la formulation d’un produit change son code barre lui reste identique ! Et si la marque a voulu changer et devenir plus éthique, tant pis pour elle, elle sera d’office mal notée.
Problème n°2 : la diabolisation de certains ingrédients.
Je m’explique : le dioxyde de titane est effectivement nocif s’il est ingéré, inhalé par voix respiratoires ou en nano particules. Il ne sera donc pas nocif en cas de contact avec le corps humain, dans une crème ou notamment dans les crèmes solaires car il est un excellent filtre UV. Si le dioxyde de titane est en micro particules il reste la protection minérale la plus sûre et la moins dangereuse pour la vie aquatique à ce jour. Pourtant toutes les crèmes solaires contenant du dioxyde de titane seront également d’office mal notées. L’application ne fera pas la différence entre les utilisations faites d’un même ingrédient.
Exactement comme l’utilisation d’un produit ne sera pas pris en compte. Un produit posé occasionnellement 5 minutes sur le corps puis rincé n’a pas le même impact qu’un produit étalé sur tout le corps chaque jour pendant plusieurs années.
Les allergènes : 26 allergènes ont été recensés. Les allergènes doivent obligatoirement être présents sur les étiquettes de manière à ce que les personnes allergiques à ces produits ne puissent pas les utiliser par mégarde. Jusque là tout va bien. Mais alors pourquoi la note d’un produit baisse à cause d’eux ? Ils ne sont pourtant pas nocifs pour les personnes qui ne seront pas allergiques. Vous avez du les voir : linalol, limonene, geraniol, etct…(souvent extrait des huiles essentielles). Alors que la composition d’un produit peut être clean la note de ce produit baissera également alors que pour les personnes non allergiques à ces composants la formulation sera pourtant parfaite. Nous pouvons en alimentaire être allergique à la noix de coco pour autant un produit bio et sain contenant de la noix de coco ne verra pas sa note baisser donc pourquoi le faire en cosmétiques ?
D’ailleurs sur quels critères sont établies ces fameuses notes ?
Nous ne savons pas trop quels éléments sont pris en compte pour donner une note finale au produit. Car selon les applications un même produit peut avoir différentes notes.
Les ingrédients sont pris en compte mais ce n’est pas le cas de ce qui entoure ce produit. Biodégradable ? Polluant ? Respectueux de l’environnement ? Les applications ne répondent pas à ces questions qui pourtant sont toutes aussi importantes pour le consommateur.
L’application ne dira pas si la marque fait du green washing par exemple (si un produit vous est vendu comme étant un produit à 50% d’aloe vera. L’application ne vous dira pas si réellement le cas ou si la marque se donne une image naturelle en mettant l’aloe vera en avant et qu’en réalité elle n’en contient que 10%) elle ne vous dira pas non plus si en se faisant passer pour naturelle elle ne cache pas du silicone (pas mauvais pour notre corps mais mauvais pour l’environnement car extrêmement polluant). L’application ne fera pas la différence entre le risque sur le corps humain et l’environnement car il n’est pas forcément le même.
C’est pour ces raisons que je vous dis également : Attention aux alternatives proposées !
Essayer de repérez et de reconnaître certains polluants car les produits proposés par exemple par l’application QUE CHOISIR pour les alternatives m’étonnent souvent ! Silicones, sulfates, composants non biodégradables et conservateurs nocifs il faut faire un tri !
Donc le verdict : je pense effectivement que ces applications peuvent nous aider à nous familiariser avec les composants (on n’a pas tous fait latin au collège ) pour moi c’est surtout pour faire un premier tri. Le consommateur peut sélectionner le produit le plus proche de ce qu’il recherche réellement. Nous pouvons avoir l’impression d’avoir un certain pouvoir avec ces applications mais si nous doutons des industriels ce n’est pas pour ne jamais remettre en question ce que nous dicte une machine… Le danger est de faire réellement peur au consommateur et de brouiller le message de prévention en allant à l’extrême. Même si certaines applis affirment que les filtres UV sont nocifs cela ne veut pas dire non plus qu’il faut s’en passer et ne pas se protéger du soleil ou ne plus sortir de chez soi. Attention aussi à l’idée de fabriquer soi- même ses cosmétiques. C’est un excellent moyen de savoir exactement ce que l’on consomme mais il faut quelques bases notamment dans l’utilisation des huiles essentielles car il peut y avoir des risques de surdosage et d’allergies.
Ne laissons jamais les autres remplacer notre capacité à réfléchir et analyser ! Décrypter soi-même la composition d’un produit c’est le véritable pouvoir ! Et cela ne fera que vous apporter de nouvelles connaissances et une indépendance de jugement.
Et vous, que pensez- vous de ces applications ?
Charlotte